Helene Berger

Une Vie hors du commun

Micheline Ostermeyer reçut à sa naissance une multitude de dons qui l'ont conduite aux JO de Londres de 1948 parallèlement au Concours International de Piano de Genève.

Nommée Première Dame de France. Idole sportive, les aléas qui ont suivi sa carrière de star n'entameront jamais sa philosophie de la vie, sa rigueur personnelle et sa gentillesse empathique..

Médaille d’or au poids et au disque, médaille de bronze au saut en hauteur. Elle est par ailleurs vice-championne d’Europe et treize foiS championne de France.

Professeur de piano pendant une Trentaine d'annees, mère de famille et épouse trop vite veuve, sa dimension mythique s'étend au travers des rues, stades et hommages qui lui sont dédiés.

Biographie

Française, Née le 23 décembre 1922 , décédée le 17 octbre 2001,

Micheline passe son enfance à Tunis, hors de l'école ; Son père, sportif, ingénieur des ponts et chaussées, lui tient lieu de précepteur général et sa mère, pianiste émérite, de professeur de piano. (également premier professeur de Brigitte Engerer et fille du fondateur du Conservatoire de musique de Vannes), 1er récital à 12 ans, reçue à 13 au Conservatoire national de musique et d'art dramatique de Paris dans la classe de Lazare Lévy : tout semble tracé pour une carrière musicale. Or, Au début de la seconde guerre mondiale, devant rejoindre sa famille à Tunis, elle découvre les joies du sport d'équipe via le basket, loin du piano solitaire.

Ses aptitudes hors normes sont immédiatement remarquées et exploitées : 5 titres au championnat de Tunisie en 1941. (parallèelement a un récital hebdomadaire sur Radio-Tunis et . des concerts dans toute l'Afrique du Nord).

En 1943, coup du sort : elle rencontre Antoine Oliveri lui apprendra tous les secrets du lancement du poids et lui fera découvrir la technique toute récente du "rouleau californien" pour le saut en hauteur.

A la Libération, elle retourne à Paris terminer ses études, retrouve avec bonheur son professeur Lazare Lévy qui s'était caché en zone libre pour échapper aux rafles. Parallèlement, elle poursuit sa conquête des records sportifs. En 1945, elle bat le record de France du poids.

« Je consacre cinq heures par jour au piano et cinq heures par… semaine au sport ! »

Dans une interview (Le Monde du 28 septembre 2000), Micheline se souvenait de ce retour en France, placé sous le double signe de la musique et du sport: "Je me suis rendue à la Fédération d'athlétisme et me suis présentée. Ils n'étaient pas au courant de mes performances à Tunis. Je leur ai rappelé que j'avais battu le record de France du poids, et que j'avais presque égalé celui du saut en hauteur. Quand je leur ai annoncé, en plus, que j'étais pianiste, ils étaient tellement estomaqués que je n'ai pas osé leur dire que je courais aussi, très vite ... "

En 1946, Micheline Ostermeyer obtient son premier prix de piano au Conservatoire et participe aux championnats d'Europe d'athlétisme. L'année suivante elle enchaîne les concerts, devient championne de France du poids, du saut en hauteur, du 60 mètres et du pentathlon et passe le concours de Genève.

JO 1948En 1948, elle participe aux Jeux Olympiques à Londres. Bien que maîtrisant mal la technique du lancer du disque, auquel elle ne s'est mise que deux mois avant les épreuves, elle remporte pourtant la médaille d'or avec un lancer de 41,92 mètres. Une deuxième médaille d'or suit, celle du lancer du poids, une troisième enfin, de bronze, lui est décernée pour le saut en hauteur. A son retour, les tournées reprennent, mais Micheline, pianiste, n'a pas la reconnaissance du milieu musical parisien. Il faut dire qu'à cette époque, toute mention de double carrière était interdite dans les biographies. Elle organise donc en 1949 un concert salle Gaveau avec un programme titanesque, enchaînant le Concerto en ré mineur de Brahms, Les Variations symphoniques de Franck, et Le concerto en mi bémol de Liszt ! Un exploit aussi sportif qu'artistique qui lui vaut un grand succès public, 24 concerts par trimestre et qui malheureusement la catalogue dans la critique musicale comme pianiste athlétique au détriment de musicienne.

L'histoire ne dit pas si une certaine misogynie ambiante réservait les prouesses techniques pianistiques à la gent masculine et la sensiblerie musicale aux rares interprètes féminines.

En 1950, suite à un accident en course de haie, après avoir été 13 fois championne de France et titulaire d'une vingtaine de records dans 8 spécialités différentes, elle se retire alors de la compétition sportive pour se consacrer exclusivement à sa carrière de pianiste virtuose.

En 1952, elle rencontre l'homme de sa vie, René Ghazarian. Ils vivront un temps à Beyrouth, mais rentreront à Paris pour faciliter la poursuite de la carrière de pianiste de Micheline. Ils auront deux enfants, Alain et Joëlle. Leur bonheur sera de courte durée, car, en 1956, René meurt d'un cancer fulgurant. Micheline doit rechercher un métier plus stable pour pouvoir élever seule ses enfants : elle enseigne ainsi au Conservatoire National de Musique de Lorient puis à l'école nationale de musique,de Saint Germain en Laye (Conservatoire Claude Debussy) jusquà l'âge de la retraite.

MICHELINE OSTERMEYERMicheline, pour qui l'enseignement n'était qu'un moyen de subvenir à ses besoins, a cependant marqué plusieurs générations d'élèves, dont Cécile Carpentier qui devint inspecteur de la Musique pour l'Education Nationale, Jean-Christophe Marchan,d, directeur de conservatoire et Compositeur, Elisabeth Méric, pianiste chef de chant des Choeurs de Toulouse, et Hélène Berger, pianiste concertiste.

Avril 1990, son fils Alain est assassiné à Saint-Ouen par des racketteurs. Micheline, est sidérée par la violence de l'acte et son caractère gratuit. Son fils, refusant dignement de se laisser délester d'un briquet offert par sa femme, est battu par ses agresseurs, puis poignardé lâchement avec un tournevis alors qu'il est étendu, inconscient, à terre.

Ses amis font leur possible pour la distraire de sa douleur, l'encouragent à revenir sur la scène , c'est ainsi quelle jouer en récital Salle Cortot à Paris en 1990 avec son ancienne élève Hélène Berger, après 30 ans d'absence de la scène parisienne. Pierre Simonet, réalisateur de l'INSEp, lui consacre le premier documentaire de la série dédiée aux grands sportifs français. La musique qu'elle avait toujours pratiqué avec une assiduité remarquable reprit ainsi ses droits, l'emmenant sur des lieux prestigieux et l'amenant à jouer avec des musiciens exceptionnels : François-René Duchable avec lequel elle noua une amitié forte, Xavier Denonchelle et bien d'autres.

Jusqu'à son décès, elle se fera une règle de travailler un nouveau programme de récital par an, impliquant un travail quotidien minimum de quatre heures par jour.

Micheline Ostermeyer s'est éteinte d'un cancer au CHU de Rouen le 17 octobre 2002 à 79 ans et est enterrée à Grémonville (Seine-Maritime). à côté du chateau de ses parents. Ses derniers instants furent entourés de ses amis sportifs, musiciens et de sa fille, un piano numérique avait été installé dans sa chambre par Pierre Dechelotte, chirurgien du service et chef d'orchestre émérite. De sa propre volonté, sans service religieux, privilégiant la loi du chaos de l'existence particulièrement depuis le jour où les meurtriers de son fils furent remis en liberté

Grande dame, d'un tempérament pudique et d'une écoute rare, tombée dans l'oubli après avoir été au faîte d'une gloire méritée, Micheline a toujours refusé de se vendre et de se soumettre,, d'une dignité naturelle et d'une discrétion incomprise. Certains administratifs ayant refusé de valoriser ses acquis professionels au cours de sa carrière pédagogique.

Micheline Ostermeyer fut la marraine de nombreux gymnases et l'inspiratrice d'un trophée éponyme récompensant une réussite sportive et professionelle remarquable..

Liste des lauréats du Trophée Micheline Ostermeyer

2004 : Michel Jazy (athlète)
2005 : Yannick Noah (tennisman)
2006 : Isabelle Autissier (navigatrice)
2007 : Annie Famose (skieuse)
2008 : Alain Calmat (patineur artistique)
2009 : Stéphan Caron (nageur)
2010 : Jean-Claude Brondani (judoka)
2011 : Jean-Christophe Rolland (rameur)
2012 : Christine Janin (alpiniste)
2013 : Serge Blanco (rugbymen)

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